Réglementation et évolutions normatives
Répondre aux enjeux environnementaux
Le respect des engagements de la France pris dans la lutte contre le changement climatique, récemment réaffirmés dans la loi Énergie Climat, suppose que la France atteigne la neutralité carbone en 2050. L’un des principaux leviers est de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment (résidentiel et tertiaire).
Depuis plusieurs années de nombreuses lois ont adressé les enjeux environnementaux dans le domaine de la construction neuve (loi Grenelle, la loi de Transition énergétique pour la croissance verte, la loi ELAN) et ont fixé des objectifs ambitieux. Ces objectifs se traduisent en 2020 par la nouvelle réglementation environnementale pour les bâtiments neufs (RE 2020) qui remplace la RT 2012, et qui vise à réduire l’empreinte carbone des bâtiments et baisser les consommations énergétiques.
Pour permettre de répondre aux réglementations environnementales d’aujourd’hui et de demain. la filière béton est mobilisée pour faire évoluer les normes en vigueur et accompagner les nouvelles solutions constructives décarbonées. C’est au travers des différents projets de Recherche Nationaux réalisés ces vingts dernières années (Recybéton, PerfDub et FastCarb), que la filière a pu disposer d’un retour d’expérience suffisamment probant et documenté, permettant de considérer que le niveau de garantie nécessaire à l’évolution des normes en vigueur était atteint. Ces différents travaux de la filière ont été pris en compte dans la dernière révision de la norme NF EN 206+A2/CN essentiellement sur les sujets suivants :
Intégration des nouveaux ciments
La norme NF EN 197-5 (2021) introduit deux nouveaux types de ciments qui permettent de réduire leur empreinte environnementale en réduisant leur teneur en clinker et en jouant sur les synergies des constituants pour garantir de bonnes performances :
- les CEM II/C-M (50 à 64 % de clinker) et les CEM VI ( 25 à 49% de clinker)
Ces nouveaux ciments sont des ciments ternaires, constitués de clinker et de deux constituants identiques à ceux couverts par la NF EN 197-1. Cette norme contrairement à la NF EN 197-1 n’est pas une norme harmonisée. Cela implique que ces ciments devront être obligatoirement certifiés « NF » pour être utilisés en France.
L’aptitude à l’utilisation de ces nouveaux ciments ayant été démontré, la dernière version de la norme NF EN 206+A2/CN intègre leur utilisation dans ses tableaux de composition (Annexe NA.F).
Augmentation de l’utilisation des granulats de bétons recyclés
Sur la base des résultats des travaux du Projet National Recybéton, la dernière version de la norme NF EN 206+A2/CN permet l’utilisation des granulats recyclés à des taux élevés (jusque 60 %) dans les bétons.
Les granulats recyclé sont classés en 3 types selon leur composition et leur fréquence de contrôle. Seuls les granulats de type 1 et 2 sont autorisé dans les bétons structurels. Leur taux d’introduction dans le béton dépend de leur type, de leur granulométrie ( sable ou gravillons) et de la classe d’exposition du béton.
Le béton est ainsi classé en fonction de son taux massique total de granulats recyclés, notifié sur le BL R0 à R7
L’utilisation d’un béton de classe R2 et au-delà dans le cas de béton armé (R1 et au-delà pour le béton précontraint) entraine une prise en compte particulière au niveau des règles de dimensionnement.
Les granulats de prémélange (mélange de granulats naturels et recyclés de type 1 ou 2) sont également autorisés. On désigne le taux de granulat recyclé par la lettre Tx suivi de la valeur en % en poids du prémélange.
Fascicule FD P 18-480
Le nouveau Fascicule de Documentation FD P 18-480 permet de justifier de la durabilité des ouvrages en béton par méthode performantielle. Ce fascicule est appelé par la NF EN 206 + A2/CN, et permet de déroger aux règles prescriptives sur les granulats et sur les bétons (Annexe NA.F). Il a été construit sur la base des travaux du Projet National Perfdub.
La formulation « performantielle » doit être validée sur la base d’un dossier technique et le choix de cette approche doit être validé par les différentes parties. Des niveaux de recommandations N1 à N3 devront être affichés fonction de la catégorie des ouvrages livrés.
Les épreuves de qualification du béton dépendent du niveau défini d’application de la méthode (N1, N2, N3) : N1 étude sur formule nominale
N2 et N3 étude sur nominale + dérivées .
Cette approche nécessite environ 6 mois d’étude, un suivi d’épreuve et de convenance et un contrôle de production minimum tous les 2 ans.
Pour ce type de béton, il conviendra d’utiliser la désignation BPPS (Béton Performantiel à Propriétés Spécifiées), ou BPCP (Béton Performantiel à Composition Prescrite).